J’ai lu un article de magazine (Happinez) qui nous a beaucoup plu et qui nous a permis de discuter en couple, puis en famille, autour du thème de l’argent, de nos achats.
Je commencerai avec cette fable, que j’aimerais partager ici :
« Un homme arrive dans un village isolé et retient une chambre à l’hôtel. L’hôtelier lui demande de payer d’avance sa chambre et l’homme pose un billet de 50€ sur le comptoir. Il laisse son bagage dans sa chambre et sort se promener. L’hôtelier prend le billet et se précipite au garage voisin où sa voiture était en réparation. Il règle le garagiste qui va à la pâtisserie où il commande divers gâteaux et autres douceurs pour une fête familiale. Il paie d’avance et c’est le pâtissier qui détient maintenant le billet. Celui-ci se rend au magasin de confection voisin pour remplacer son pantalon de travail. La patronne du magasin empoche à son tour le billet pour aller chercher sa fille à la crèche où elle règle le mois à venir. Le responsable de cette crèche se rend à l’hôtel, qui fait aussi restaurant, pour y payer la facture mensuelle des déjeuners et goûters commandés. Si bien qu’à présent le billet est de retour à l’endroit de départ, après avoir fait le tour du village. C’est alors que l’étranger est de retour avec une mauvaise nouvelle : il doit partir immédiatement. Il ne peut pas rester la nuit. Bien entendu, le patron de l’hôtel le rembourse. Le client récupère son billet, le remet dans son portefeuille et quitte le village. Ainsi, un billet de banque aura permis de faire réparer une voiture, de confectionner des gâteaux pour une fête de famille, d’acheter un nouveau pantalon, d’accueillir un enfant pendant un mois à la crèche et de fournir boissons , repas et en-cas à cette même crèche. Souvenez-vous, c’est le même billet qui a circulé à chaque fois. L’argent en soi n’a aucune importance ; il a quitté le village. Mais toutes les transactions qu’il a rendues possibles ont bel et bien été réalisées. » [1]
L’auteure explique que l’argent est le symbole de la confiance mutuelle entre les individus et qu’il permet à chacun de se centrer sur ce qu’il fait de mieux pour apporter sa contribution à la société.
Cette histoire me rappelle ces monnaies locales qui se créent un peu partout en France et ailleurs. L’argent n’est utile que lorsqu’il circule, mais si on veut qu’il circule jusqu’à nous revenir, il vaut mieux éviter qu’il passe par les grandes multinationales. C’est un vrai challenge que d’essayer de s’en passer, un peu tout du moins. Consommer différemment, plus local, plus artisanal, aide également à prendre conscience de la vraie valeur des choses, du travail qu’elles ont demandées, de l’origine des matières premières. Ainsi, on prend davantage soin des objets que l’on possède, ce qui évite de vouloir à tout prix se procurer toutes ces choses ou vêtements neufs et impersonnels dont on nous abreuve par tous les canaux possibles.
Lors de nos pérégrinations, nous tâchons d’entrer en contact avec les artisans, d’observer leur travail, pourquoi pas d’acheter ce qu’ils vendent. Nous prenons également des idées pour faire à notre tour une peinture, de la vannerie ou une création quelconque. Mais je manque encore d’initiative et de mise en œuvre à ce niveau ; les filles pallient à ce manque en travaillant beaucoup le papier : si elles ont besoin d’objets spécifiques pour leur jeu, elles les dessinent, colorient et découpent. C’est ainsi qu’elles ont confectionné une grande garde-robe, cintres sur portants et accessoires compris, pour leurs doudous pendant un trajet de 8h de bus à Cuba !
Bien sûr, elles détournent souvent les éléments de la nature ou tout ce qui leur tombe sous la main pour les besoins du moment.
J’admire leur façon de se créer leur propre richesse, leur intention si forte qui permet d’y croire ; leur imagination devient leur réalité.
Et nous pour adultes, que devient notre imagination, cette richesse immatérielle et pourtant si concrète ?…