(novembre 2016 + mai 20147)
Après le vaste horizon bleu, place au camaïeu des collines andalouses, aux coquets villages blancs, aux bivouacs sauvages de luxe… Passons des voies rapides surchargées du littoral aux petites routes sinueuses, du sable aux champs et aux pavés, de la voile de kite-surf à la voile de parapente, de l’eau salée aux eaux lacustres, des châteaux de sable aux remparts blancs, des mouettes aux vautours, des dunes à la Sierra…
Cette région nous a charmés ! La route est un plaisir pour les yeux. En automne, les collines sont marbrées de teintes terre de Sienne, au printemps la belle Andalouse revêt ses plus atours verdoyants et fleuris.
Nos journées étaient parsemées de petits bonheurs simples. Partir à la recherche des petits villages que nous avions repérés, les dénicher au dernier instant, parcourir ses rues pavées et escarpées, boire un café ou manger une glace en terrasse, monter jusqu’aux remparts qui surplombent la campagne, observer les vautours aux jumelles, imaginer comment les habitants transportent leurs sacs de courses, se demander quelle force a poussé des gens à construire un village dans un endroit si perché…
Alexis a fait de magnifiques vols en parapente, survolant un village puis un autre sans se soucier des routes sinueuses qu’il me faudrait emprunter pour le rejoindre. Il fallait bien un brin de folie et surtout ne pas savoir ce qui m’attendait pour passer seule avec mes filles et mon fidèle destrier de plus de 7 mètres la route de Zahara à El Bosque. Heureusement, je n’ai croisé personne aux endroits les plus étroits. Mais quel paysage saisissant, grandiose et sauvage, dans un caractère parfois fort avec des falaises, parfois bucolique avec des étendues d’herbe grasse et verte dont se régalent les chèvres.
L’Andalousie, c’est aussi la Sierra Nevada dans laquelle nous aurions aimé nous perdre davantage au gré des petits chemins ou aller toucher la neige en cette fin de printemps espagnol…
C’est aussi les villes somptueuses de Séville ou Grenade, avec leur centre historique animé, les artistes de rue, les parcs ombragés, les palais, les bars à tapas…
Les paysages, l’histoire et les civilisations qui ont traversés cette région permet à chacun d’y trouver son compte. De la foule ou de la solitude, du vert, du blanc, du bleu ou de la mosaïque, de la nature ou de l’architecture ? Faites votre menu !
Pour finir, voici nos ressentis sur quelques villages que nous avons traversés.
Camino del Rey : Il s’agit d’un parcours saisissant sur des passerelles. Malheureusement, nous n’avons pas pu y aller, car c’est à partir de 8 ans révolus non négociable. Ce n’est pas loin de Malaga. Nous y retournerons…
Casares : Petit, discret et ramassé contre sa falaise surmontée d’une tour, ce village accueillant permet aux camping-cars de se garer sur le parking de l’Office du tourisme (localisation sur l’appli Park4night) et de faire le plein d’eau gratuitement, génial ! En plus, la vue depuis notre bivouac est superbe : l’horizon ondulé où se couche le soleil, des dentelles de roches comme celles de Montmirail, et le village en contrebas. A côté de nous, un parc de jeux pour le plus grand plaisir des filles. Le lendemain, nous allons faire une balade avec les filles, avec un peu « d’escalade » jusqu’au promontoire pour observer les vautours aux jumelles, puis descente par un petit chemin jusqu’à la place du village. Ambiance calme et douce pour un café en terrasse. Et c’est parti pour se perdre dans les ruelles pavées, entre les maisons blanches et fleuries, pour arriver à la tour qui veille sur le village d’où notre regard glisse d’une colline à l’autre.
Setenil de las Bodegas : sur notre route se trouve le village de Setenil construit dans une sorte de canyon. Des maisons troglodytes construites dans le surplomb de la falaise rendent ses rues vraiment exceptionnelles. Bien obligés de manger dans un restaurant (La Tasca) au plafond de roche ! Petite promenade dans les rues, entre tunnels de roche et ponts pour traverser la rivière qui coupe le village en deux. Nous ne sommes pas montés jusqu’en haut, mais l’expérience doit en valoir la peine. Nous avons repris la route, en laissant Ronda derrière nous, une belle petite ville en bord de falaise très touristique que nous avions visité l’automne dernier.
Zahara : Alexis avait repéré le village de Algodonales, réputé pour le vol libre en Andalousie. Les annonces sur l’appli Park4night nous présagent de jolis bivouacs en perpective. Et c’est le cas ! Le lac au pied du village blanc de Zahara est captivant dans ses teintes de bleus. Des roches beiges et rouges structurent la montagne, le vert et le jaune des fleurs rajoutent du pep’s à ce bel ensemble. Poser sa maison en ces lieux est juste parfait. Luna part à la découverte des arbustes pendant qu’Alexis et Eléa vont se promener au village en moto. Pour ma part, je respire cette plénitude, fais ma séance de méditation, puis prépare notre cocon pour le dîner et la nuit.
Le lendemain, Alexis rejoint des locaux pour aller faire un beau vol de 80km. Il se pose près de Ubrique.
Ubrique : La veille, à Zahara, nous avions rencontré un groupe d’hommes venus cueillir des espèces de roseaux, des gamones. Ils nous expliquent que c’est pour une fête traditionnelle à Ubrique : la Crujia de Gamones. Nous modifions donc nos plans pour satisfaire notre curiosité. Déjà, comme je l’ai déjà dit, la route était magnifique. C’était frustrant de ne pas pouvoir s’arrêter quelques jours dans cette vallée.
L’aire de camping-cars (gratuite) de Ubrique est bien située : nous avons une belle vue sur la ville et nous sommes à une distance correcte pour aller à pied au centre. La nuit tombée, des feux commencent à s’allumer sur les places. Chaque quartier fait son brasier, mais le plus gros se trouve tout au bout de la ville, près des falaises. Les habitants, qui ont récolté des fagots de gamones, mettent la pointe de la branche dans les braises et lorsqu’elle est bien chauffée, ils courent la frapper de toutes leurs forces contre un muret en pierres, ce qui fait un bruit d’explosion ! L’origine de cette fête provient d’un temps de guerre où ils faisaient croire qu’ils étaient armés grâce à ce subterfuge. Il y avait une bonne ambiance, c’était très sympa ! Les filles ont pu faire de la balançoire de rue, comme on voit à la moitié de cette vidéo.
Guadix : Après quelques jours à Grenade puis dans la Sierra Nevada, nous voici à Guadix, un village avec des maisons troglodytes et de belles cathédrales. Le décor change complètement : des canyons rouges donnent des allures de far west. Les ruelles forment un vrai labyrinthe dans lequel les filles essaient de se repérer avec le plan satellite.
Je ne m’étendrai pas sur les villes de Séville et de Grenade que nous avons visitées trop brièvement pour donner des conseils. Il faut juste savoir qu’il faut absolument réserver plusieurs jours à l’avance la visite (libre ou guidée) de l’Alhambra de Grenade ; nous n’avons pas pu y aller à cause de cela. En ville, nous aimons flâner dans les parcs et de places en placettes pour découvrir les artistes de rue. Et pour cela, les villes andalouses sont parfaites !