Nous voici maintenant avec une maigre expérience de voyage en famille à bord d’un voilier.
Afin de planter le décor, je précise qu’il s’agissait de notre première fois et que, par conséquent, nous avions un Capitaine expérimenté avec nous ; nous n’avions donc pas le stress de prendre les décisions. Nous étions 9 personnes dans un bateau de 5 cabines doubles ; ce voilier est donc plus spacieux que si nous devions en choisir un pour notre famille uniquement. Nous avons eu une mer assez calme.
Nous avons tous profondément aimé vivre à bord d’un voilier ! Les filles étaient heureuses d’avoir leur propre cabine, fermée, avec leurs petites affaires. Elles ont joué à Vaiana accrochées aux cordages. Elles n’avaient pas besoin de mettre la ceinture. Elles se sont senties plus libres, en fait !
Pour nous, c’était un rêve qui se réalisait : naviguer d’îles en îles, dormir au mouillage dans une baie, voyager sans moteur ni essence, traverser les océans (oups, je m’égare !)…
Voici quelques mots sur ce que nous avons découvert à propos de la vie sur un voilier.
Navigation :
C’est très technique car il y a trois éléments à prendre en considération pour définir une trajectoire : le vent, le courant et notre but. A cela s’ajoute la météo, les autres bateaux, la profondeur, la législation, les frontières maritimes et j’en passe.

Un lieu pour la nuit
Pour tracer la route du jour, il faut d’abord chercher un endroit protégé à distance raisonnable pour la nuit : on peut soit jeter l’ancre, soit s’amarrer à une bouée (fixée au fond de l’eau), soit aller au port ou dans une marina. On peut aussi naviguer la nuit. Dans un port, on paie sa place à la nuit, et en Croatie c’est très cher (80 à 100€ pour notre bateau). On peut alors se brancher à l’électricité, faire le plein d’eau, on a souvent accès à des douches. On allait donc au port uniquement lorsque la météo s’annonçait mauvaise ou qu’on avait besoin de faire le plein d’eau. En haute saison, il arrive qu’il n’y ait plus de place. Nous, bien sûr, on préférait les mouillages (comme on préfère le bivouac sauvage au camping lorsqu’on est en camping-car) : plus calme, plus beau, plus libre. Mais plus technique aussi ! Il faut trouver un endroit non interdit, dans une baie protégée (ce qui varie en fonction de l’orientation du vent), avec une profondeur qui correspond à la longueur de la chaine de notre ancre, et avec du sable pour que celle-ci accroche. On a plusieurs fois jeté et remonté l’ancre avant de vraiment éteindre le moteur. Le capitaine est également allé voir avec le masque si l’ancre accrochait autant qu’il le sentait en manœuvrant. Et c’est souvent qu’il se levait la nuit pour aller vérifier qu’on ne dérivait pas. Il faut aussi qu’il y ait suffisamment de place car la distance entre les bateaux n’est pas la même qu’au port puisque chaque embarcation dérive autour de son ancre. En mouillage, on accède à la côte en canoë (à moteur lorsqu’il marche), 3 par 3.

A la voile ou au moteur
Naviguer peut se faire avec les voiles ou au moteur. Souvent, nous n’avions pas assez de vent pour sortir les voiles. Dans ce cas, la mer est généralement calme et on peut cuisiner, travailler, dessiner… Le moteur sert également aux manœuvres au port ; à l’approche d’un mouillage ou d’un port, on affale les voiles et on avance tout doux. Les manœuvres sont très techniques car il faut prendre en compte le vent, la dérive par le courant et l’inertie du bateau. Et oui, lorsqu’on redresse la barre, le bateau continuer de tourner. On n’est pas sur de l’asphalte ! Au port, c’est le branle-bas de combat : chacun a son rôle mais chacun vérifie aussi que l’autre n’a pas besoin d’un coup de main. Le but est de « se garer » sans toucher les autres bateaux.
Lorsqu’on navigue à la voile, c’est très intéressant, mais très technique là encore. Orienter au mieux la voile demande de l’expérience, un bon sens de l’observation et du ressenti. Sans faire ici un cours de navigation, sachez qu’au niveau sensation, on peut être penché dans un sens pendant 20-30mn, puis dans l’autre (quand on tire des bords), ou bien ballotté au fil des vagues (quand on est vent arrière) et là, bonjour le mal de mer ! Dans ce cas, le mieux est de s’allonger à l’extérieur bien couverts et de regarder le ciel. Le plus drôle est de cuisiner dans ces conditions !
En mer ou au port, on travaille, on dessine, on lit, on joue, on bronze…
Navigation de nuit
L’expérience ultime. Même si ça aurait été encore mieux si on avait pu sortir les voiles. Les étoiles scintillantes au-dessus de la tête, sans pollution lumineuse, juste la Lune pour les accompagner en fin de nuit. Chaque équipe fait trois heures de garde puis réveille les suivants. La carte GPS, énormément utilisée en journée, devient indispensable. On ne voit rien. Hormis les phares. Ceux-ci permettent de faire le lien entre ce qu’on voit sur l’écran et ce qu’on perçoit au dehors. Chacun a un code lumineux qui est indiqué sur l’application satellite. Les filles ont beaucoup aimé se promener sur la carte pour chercher si le phare à côté de nous s’allumait blanc ou rouge et à quelle fréquence. La nuit, c’est harnais avec ligne de vie obligatoire. Si un homme passe par-dessus bord, il est très difficile de le retrouver dans la nuit noire.
Voilà quelques mots sur notre vie à bord d’un voilier. Première expérience mais pas la dernière ! Le Capitaine a été impressionné (et rassuré) par l’attitude des filles sur le bateau : elles n’avaient pas peur, ne chougnaient pas tous les quarts d’heures, n’ont pas fait modifier notre itinéraire qui était déjà bien adapté pour une première avec des enfants, sans grande traversée de plusieurs jours.
Un grand merci à Marek de nous avoir fait confiance et nous avoir laissé participer à ce beau voyage.
Si vous êtes parapentiste et que l’idée vous intéresse, vous trouverez plus d’informations sur le groupe FaceBook de Marek Sailing and paragliding expeditions .