Ecrit le 17/09/16 (5ème jour de voyage)
*Titre d’un des ouvrages des Sixenroute, connus dans le monde des familles voyageuses
« J’arrive pas à croire qu’on est parti pour de vrai de vrai de vrai en voyage ! » crie Luna, 5 ans 1/2 d’une voix chantante, à maintes reprises les premiers jours, traduisant le sentiment de chacun. C’est vrai, depuis le temps qu’on en parle, qu’on met en place les choses petit bout par petit bout,…
Drôle d’impression, entre exaltation, doutes, soulagement, satisfaction … C’est le début de quelque chose et la fin d’une autre : les préparatifs.
Les préparatifs sont une étape importante dans un voyage, une sorte de grossesse qui est l’occasion de centrer les énergies de la familles dans un objectif commun, l’occasion de se poser des questions existentielles sur ce qu’on attend de la vie, ce à quoi on attribue de l’importance, faire le point sur les petites choses qu’on a toujours voulu faire mais qu’on a à peine commencé…
Les préparatifs, c’est aussi un temps d’idéalisation du projet. Une fois le voyage décidé et dessiné dans ses formes principales, tout parait réalisable, tout nous semble surmontable. « Ah non ! A nous ce problème ne peut pas arriver ! Il suffit que (patati patata)…, on fera bien attention à ce que (patata patati)… Pas de problème ! ». On prend de bonnes résolutions pour que la vie de voyage soit harmonieuse et que le fil se déroule sans heurt.
Un jour, enfin, arrive la réalité.
Départ.
Adieux aux parents les yeux mouillés.
Départ un peu spécial puisque nous sommes toutes les trois, les filles et moi, dans ma voiture, comme souvent cet été. Bizarre. Le néant, passage à vide. Ce que je ressens au volant, c’est surtout la fin d’un passage riche et intense. Décompression. Plus de « Il faut bien que je pense à ça ! Ouhlala, il faut que je note ça ! Rhôô, j’ai failli oublié de faire ça ! »
Heureusement, ces émotions taciturnes s’envolent avec les retrouvailles : Alexis et le camping-car (partis la veille), la nouvelle moto, l’énergie joyeuse et euphorique qu’il y a chez les copains où nous passons notre première nuit en voyage.
Mais c’est surtout le départ de Chartreuse qui signe notre véritable début d’aventure : tous les quatre, dans le camping-car, avec un premier bivouac à chercher.
Il y a beaucoup de mises au point les premiers temps de voyage. On a beau avoir anticipé et discuté, la réalité et nos vieilles habitudes nous rattrapent, les émotions sont exacerbées par la mise à mal des repères et les reproches fusent. On travaille sur l’écoute et la communication, mais ceux qui nous connaissent bien savent qu’il y a du pain sur la planche ! Nous souhaitons mettre en place des conseils de famille pour que chacun puisse s’exprimer et être entendu. A suivre…
Nous passons donc de « C’est pas la peine, on tiendra pas un voyage de plusieurs mois dans ces conditions » à » quelle chance on a d’être ici, oh regardez comme c’est beau, c’est trop biennnnn ! ».
Heureusement, les moments de plénitude et d’optimisme font la part belle aux temps de découragement.
Nous prenons nos marques dans notre Car’house (carrosse) et nous aimons vivre à bord de notre maison-qui-roule. Notre quotidien est rythmé par la route, l’intendance, les divertissements, les temps d’étude, les jeux en familles et les occupations de chacun.
Nous sommes partis, mais surtout, nous sommes.
« Oser partir » parle à nos rêves. Les rêves de chacun, quelqu’en soient l’envergure, le fond, la forme, l’issue. Prendre soin de nos rêves, c’est les garder toujours vivants dans nos esprits, les accompagner du regard, même lorsqu’ils disparaissent sous les brumes de l’incertitude et accepter de verser quelques larmes pour renforcer leurs racines. (Les Sixenroute, Miss Terre et les six doigts de la main)