Nous avons passé quelques journées de printemps sur la Côte, entre Malaga et Tarifa. L’objectif premier était qu’Alexis puisse faire du kite : ce point là a été rempli. Côté découverte, ce fut plutôt mitigé, car nous sommes essentiellement restés sur La Costa del Sol.
Tarifa est un village agréable : une balade sur sa promenade pour admirer le soleil couchant sur l’océan, se perdre dans ses ruelles pavées, un bon restaurant à tapas au « Bar El Frances » avec comme voisins un groupe d’amis-chanteurs-gypsis. La plage s’étire sur des kilomètres, longue et large. Ici, c’est le paradis des sports nautiques : surf, planche à voile, kite. Dès que le vent est bon, des centaines de voiles forment un ballet calme et coloré, un beau champ de fleurs mais dans le ciel. Les filles se sont bien amusées avec le sable, mais n’ont pas pu se baigner car le vent rafraîchissait trop l’air. Le matin, il n’y avait personne le long de l’eau et nous en profitions, Alexis et moi pour faire un petit footing en emplissant nos poumons d’air iodé. Nous tâchons de maintenir ce petit rituel quotidien qui nous ressource tant. Nous sommes restés deux jours à Tarifa, profitant de l’ambiance de ce week-end prolongé, avec des bars qui tournaient à plein régime et une longue file de vieux camping-cars et vans occupés par ces passionnés de vagues. Puis le vent a forci. Nous sommes allés faire un tour vers la dune un peu plus à l’ouest dans la baie. Mais le vent soulevait le sable qui nous brûlait les mollets. Nous avons joué quelques instants du côté abrité de la dune avant de prendre la route pour Algeciras, près de Gibraltar, plus abrité du vent. Dommage, car la Costa de la Luz, de Tarifa à Cadiz, avait un air sauvage qui nous plaisait bien.
Algeciras : nous n’avons pas visité le cœur de la ville, mais les alentours ne m’ont pas plu : des bouchons avec des ronds-points entrecoupés de feux, des constructions à n’en plus finir. Sans carte ou GPS, impossible de trouver la mer ! Nous avons atterri dans un parking jonché de détritus, avec des abris de fortune aux alentours. Je ne passerai pas la nuit là ! Mais c’est ici que les kite-surfeurs viennent se garer. Alexis est donc allé faire sa session avec les autres, dans la baie, entre les citernes énormes pour remplir les pétroliers (ou les vider ?…) et les docks avec leurs grandes grues bleues qui chargent et déchargent une centaine de conteneurs sur des navires qui ne ploient même pas sous cette charge impressionnante. Consommons local… Nous sommes allés nous réfugier au calme sur une plage de La Linea de la Concepcion. Plage qui a subit la crise : une belle route avec plein de dos d’âne mène à un beau parking qui dessert une promenade, qui mène… à un hôtel en construction depuis des années. Ou plutôt non, en phase de déconstruction, abandonné à lui-même avant d’avoir pu accueillir des visiteurs. Un autre hôtel lui fait concurrence près du parking, celui-ci n’a pas eu la chance d’avoir de vitres à ses fenêtres… Reste le parking, bien pratique pour se garer et pour aller promener son chien !
Gibraltar : nous avons passé une journée en territoire anglais ! Une heure de queue pour passer la douane, un feu rouge pour laisser décoller un avion, traverser la piste du tarmac dans toute sa largeur (si si !), puis des rues si étroites et tarabiscotées que ce fut très compliqué en camping-car ! Alexis nous a laissé, les filles et moi, en bas du rocher, avant de se sauver d’ici. Notre balade au sommet du rocher a été très agréable. Un pont aérien, de belles fleurs, et surtout les singes ! C’était très amusant de les observer faire leurs singeries, de s’épouiller, de grimper dans les arbres ! Il y a énormément de touristes. C’est également sur-construit et l’architecture n’a ici pas vraiment d’intérêt. Seule Main Street est agréable avec sa grande rue pavée et piétonne, ses cafés et restaurants où l’on peut boire un bon thé anglais en terrasse… au soleil ! Nous avons toutes les trois traversé à pieds tout le pays, aéroport compris, pour rejoindre le camping-car et son kite-surfeur de chauffeur, en territoire espagnol.
Nous avons ensuite mis les voiles, directions les terres, avec un sentiment de libération. Nous laissons derrière nous la folie de l’homme, dans toute sa splendeur de surconsommation : rangées de logements identiques inachevés, trafic incessant, panneaux publicitaires aussi surdimensionnés que les navires qui restent des heures dans le détroit, vastes terrains vagues cimetières à déchets…
Conclusion : il y a des coins agréables pour passer de belles journées sur la Côte andalouse, mais il faut plutôt chercher sur la Costa de la Luz, côté atlantique Nous n’avons finalement pas pu longer l’océan, mais ses premiers kilomètres sont prometteurs. La Costa del Sol, côté Méditerranée, ressemble trop souvent à un littoral de béton. Et si nous étions ravis de voir la mer il y a quelques jours, nous sommes soulagés de pouvoir enfin voir de beaux villages à l’âme préservée dans les terres.