Ecrit le 28/09/16
Nous posons ce soir notre premier bivouac au bord de l’océan Atlantique, laissant derrière nous les Pyrénées.
Nous avons parcouru essentiellement la partie espagnole de ce massif. Nous pensions rester quelques jours, mais pas dix ; ces montagnes étaient juste sur notre passage. Nous sommes originaires des Alpes et je suis aussi chauvine que la réputation le prétend. Je n’attendais donc rien des Pyrénées. C’est peut-être grâce ou à cause de cette « innocence », que je me suis laissée éblouir par les paysages et enchanter par les recoins dénichés au gré de nos bivouacs.
C’est une partie de l’Espagne dont on ne parle pas, loin du tourisme, parfois même loin des Espagnols eux-mêmes, tant la nature est authentique et les villages éparses. Nous ne gênions personne avec notre camping-car, même à 40km/h sur les routes sinueuses.
Nous étions parfois transportés dans les Rocheuses canadiennes avec des pans de forêt à perte de vue, puis catapultés en Corse avec ses falaises et sa végétation méditerranéenne, ou bien dans les Hautes-Alpes et ses sommets pelés entrecoupés de falaises, mais au détour d’un col, c’est le Roussillon qui apparaissait avec des roches ocres, ou bien les Alpes et ses crêtes grises de calcaire.
Et des lacs, des rivières de lacs !
L’eau rend les paysages si beaux et les enfants si heureux ! Nous avons souvent choisi nos bivouacs en fonction d’un point d’eau, rivière ou lac. Les filles n’ont pas souvent eu l’occasion de se baigner, mais leurs jeux prenaient une toute autre ampleur lorsque l’eau s’y mêlait.
La végétation également apportait sa touche de fantaisie. Les sous-bois sont clairs, avec peu de végétation basse, rendant les lieux propices à la liberté, les yeux adultes pouvant surveiller suffisamment loin pour qu’elles aient l’impression d’avoir le monde pour elles…
Quelle joie pour mon cœur de maman de voir ses enfants se lier à ce point à un recoin de nature avec une telle facilité, une avidité même !
Autant sur la route, il est difficile de les sortir de leurs histoires et dessins pour partager notre émerveillement devant le paysage, autant lorsqu’elles sont dehors, c’est nous qui en étions le frein, pensant qu’il était sage de reprendre la route pour arriver sur tel site (pour profiter des conditions de vol en parapente, pour avancer, pour refaire les pleins…).
Une amie m’a demandé comment nous choisissions notre route. Effectivement, pour l’Espagne, nous n’avons pas de guide touristique, encore moins pour les Pyrénées. C’est en suivant les sites de parapente que nous avons tracé notre parcours jusqu’à présent. Ceci s’est avéré un fil conducteur parfait, nous permettant de découvrir des lieux sauvages, d’emprunter des routes qui le sont tout autant, de faire quelques rencontres. Alexis s’est fait plaisir et nous avons même fait deux journées en vol itinérant : je le rejoignais sur un site déterminé à l’avance en gardant un contact radio pour nous assurer d’avancer vers le même lieu. A ma surprise, j’ai beaucoup apprécié être seule à bord, devoir me débrouiller pour trouver ma route, lire la carte, ne compter que sur moi, mais tout en sachant que je retrouvais mon homme le soir…
En ce qui concerne les bivouacs, nous utilisons l’application Park4night qui regorge de lieux insolites pour passer la nuit en camping-car ou pour faire les vides et les pleins gratuitement ou à petit prix. Nous n’avons passé qu’une nuit en camping dans les Pyrénées, l’occasion surtout de faire une lessive. Chercher notre nid du soir est un plaisir : lire les commentaires des autres camping-caristes, s’imaginer le spot, le trouver, s’extasier, le redécouvrir à la lumière du matin…, devoir le quitter ensuite… On emporte souvent un souvenir : une photo au minimum, mais surtout des petits cadeaux de la nature, comme un bouquet, une cueillette, des petites choses que récoltent les filles pour un prochain land’art ou pour agrémenter leurs jeux.
Voilà comment j’ai vécu les Pyrénées, une osmose que nous partageons tous les quatre, à l’image de notre famille en route, aux prémices de notre voyage.
Famille Grand R prend son sens…